lundi 26 décembre 2016

Éducation bienveillante au quotidien.



Quand on tente de pratiquer au quotidien l'éducation bienveillante, ou toute méthode peu traditionnelle de parentalité, on se heurte bien souvent à des murs. Des réflexions indélicates, des incompréhensions totales, des jugements un peu prompts. Voire des situations dans lesquelles un proche va intervenir -en croyant bien faire- et carrément aller à l'encontre de tes idéaux dans sa façon de s'adresser ou de se comporter avec ton enfant. C'est un des grands défi de cette approche éducative : maintenir sa position et accepter de passer parfois pour un bobo laxiste qui va transformer ses enfants en tyrans capricieux. Ce n'est pas chose simple.

La bienveillance, l'acceptation, et ma petite tornade.

Je ne suis pas une maman parfaite. De toute façon, la maman parfaite n'a pas encore d'enfants. Oui des fois, je suis fatiguée, carrément dépassée, oui des fois, j'ai envie de baisser les bras, oui comme tout le monde il m'est arrivé de me mettre en rogne pour un rien après une succession de nuits hachées, et de le regretter ensuite. On devient parent du jour au lendemain, sans formation diplômante, sans préparation préalable, paf sans savoir nager c'est direct dans le grand bain, plonge et on verra bien. 

Alors, on essaye, on s'écoute, on se trompe des fois. On réfléchit à comment notre petit enfant intérieur réagirait à telle ou telle chose. On essaye de mettre en lumière ce qui est réellement important. Et s'il y a bien une chose dont je suis convaincue, c'est qu'un enfant quelque soit son age, a besoin de compréhension, de dialogue et d'empathie pour grandir en confiance.

Dans ce monde où on veut apprendre à tout prix à notre enfant à "obéir", à "être sage", à "contrôler ses émotions", difficile de trouver sa place. Les gamins transparents sont forcément les mieux perçus : c'est pratique, on les emmène partout, ils se font oublier tellement ils sont discrets. Combien de fois ai-je entendu  : "Le fils de biduletruc, il ne bouge pas, il ne dit rien, il est teeeellement sage..."  C'est super agaçant. 

Là, je regarde ma fille. On ne va pas se mentir, elle n'arien d'une impeccable enfançonne sortie tout droit d'une image d'Epinal, ou alors il faudrait monter fort le son et mettre en accéléré... Tout saisir, tout savoir, tout pouvoir, tout comprendre, tout vivre, être là, ressentir, exploser, demander, ressentir, encore, et encore, c'est elle, dans toute son intensité. 


C'est épuisant, mais je commence petit à petit à accepter. Accepter que la vie avec elle serait à fond, sinon rien. Accepté qu'on me regarde en biais. Accepté que ça ne se passe pas toujours comme je l'aurais voulu. Bon parfois encore, je m'excuse platement quand ma fille a fait le typhon alors que j'aurais juste souhaité boire un thé au calme avec une amie. Mais les amis, ils comprennent. Je les ai bien choisis =) Ils savent qu'un enfant n'est pas un pot de fleur. A d'autres gens, moins compréhensifs, j'essaye parfois d'expliquer qu'un tout petit n'est pas un adulte miniature, qu'il n'a absolument pas la même gestion des émotions que nous, et que ce que l'on peut qualifier de bête caprice peut avoir pour eux la teneur d'un tsunami émotionnel. L'apprentissage de la gestion des émotions est quelque chose qui prend du temps... dire que bien des adultes eux mêmes n'y parviennent pas encore... ;)




=)

Vouloir changer le monde, ça passe aussi beaucoup par l'éducation!

Chaque enfant est unique, et il n'existe pas de solution toute faite.


En revanche je demeure convaincue que les menaces, le chantage, les punitions, la compétition, le rejet des émotions, l'obsession maladive d'être bien perçu par les autres, ne sont qu'entraves et conditionnements. Et que renverser la vapeur ne pourra que renforcer la confiance, la créativité, la solidarité, le respect et la bienveillance. Nos enfants sont la génération de demain, ils vont faire le monde. 

... Et justement, vous le trouvez comment, précisément, le monde? Ce n'est pas terrible, hein. Entre la violence, le manque de liens, l'absence de communication, la peur, la jalousie, la mauvaise nourriture... Si nous apprenons à nos enfants de la même façon que nous avons appris, comment espérer un changement? Puisque ça n'a pas fonctionné jusqu'à présent?


Si nos enfants baignent dans nos doutes, nos prisons mentales, s'ils se sentent rabaissés, si on minimise leurs ressentis, si on ne les sensibilise pas à l'environnement et à un mode de vie sain... Rien n'évoluera jamais. Le serpent continuera à se mordre la queue.


Souvent j'ai entendu : "Mais c'est un enfant, il ne comprend pas, alors inutile de lui expliquer ceci ou cela." C'est vrai que les adultes ont tendance à imaginer qu'il faut s'adresser à un petit un peu comme à un benêt, avec des mots très basiques, et que de toute évidence ils ne comprennent rien. Pourtant, un enfant, même s'il n'a pas encore l'expérience ou encore la "maturité" cérébrale, va saisir bien plus qu'on imagine, ressentir très fort, parfois cerner des choses qui nous auront échappées à nous, les "grands".


En règle générale, on rabaisse souvent les petits...


Je me souviendrai toujours, j'avais six ou sept ans, on était en vacances avec mes cousins. Arrive sur la table des enfants un joli gâteau pour le dessert, et il y en avait également un prévu pour les adultes. Pendant qu'on nous sert, la personne qui avait cuisiné dit tout haut en désignant notre gâteau : "Au fait, celui-ci a mieux cuit que l'autre, il sera un peu meilleur." Et à une autre personne de s'écrier : "Mais tu aurais du le dire plus tôt! On aurait donné l'autre aux enfants, après tout ils s'en fichent, eux." Genre elle aurait pu proposer qu'on partage les deux pâtisseries, la ratée et la réussie, entre adultes et enfants. Mais non. Parce qu'on était des enfants, on était jugés comme étant aucunement en mesure de savourer les bonnes choses, et les adultes devaient forcément avoir la préséance. Ca m'a marqué. C'est juste un détail, une anecdote, mais c'est assez symptomatique de la perception qu'on peut avoir des enfants, qui méritent toujours "moins" sous le seul prétexte qu'ils sont petits.


Et quand les autres interviennent dans ton éducation...



Je ne peux pas en vouloir aux gens qui croient bon d'intervenir, surtout à ceux de la génération précédant la mienne. Ils ont eux-mêmes été conditionnés dans leur enfance : on ne leur a pas laissé d'initiative, ils ont souvent été punis, menacés, pas ou peu écoutés. On leur a appris à baisser les yeux et à se taire. Alors comment peuvent-ils concevoir que je laisse ma fille de deux ans et demi, par exemple couper des aliments avec un vrai couteau, enlever ses chaussures ou son manteau en plein hiver, sortir de table avant la fin du repas, grimper aux arbres? En revanche, je ne peux pas les laisser s'interposer sans réagir. Alors, je rattrape le coup à chaque fois tant que possible, en essayant de ne pas me fâcher, ni d'avoir à me justifier, parce que zut. Maintenant je ne m'adresse plus à la personne mais directement à ma fille. C'est plus simple, ça remet tranquillement les choses à leur place.

Quelques exemples...

"Tu vas te couper avec ce couteau!" 
Hop rattrapage : "Non, tu ne vas te couper, sauf si tu n'es pas attentive. Concentre toi bien sur ce que tu fais, j'ai confiance en toi."
Surtout que le simple fait de dire "tu vas te couper" risque précisément d'entrainer cela, un peu façon pensée créatrice.

"Il fait froid, habille toi!"
Rattrapage : "Si tu ressens du froid, n'attends pas d'être mal, et remets tes chaussures/ton manteau. A toi de sentir ce qui est mieux. Mais là, comme tu cours beaucoup en jouant, tu aurais en effet trop chaud avec tes affaires."
Souvent, on imagine que parce que nous avons froid, notre voisin aussi. Raté. A chacun sa résistance et ses ressentis. Moi je doute qu'un enfant se laisse mourir d'hypothermie juste pour le plaisir de dire non à son manteau.

"Si tu finis pas toute ton assiette, pas de dessert!"
Rattrapage: "Si tu n'as plus faim, ou que tu n'aimes vraiment pas, ne te force pas. Va jouer. "
Je n'ai pas envie de faire de l'heure du repas un traumatisme, mais un plaisir. Point.

"Je t'ai acheté des sucettes haribo, mais papa et maman m'ont interdit de t'en donner." *glups*
Rattrapage : Tu sais que ce qu'il y a dans ces sucreries, ton corps n'est pas très content de les recevoir, la dernière fois tu en as mangé et tu t'es plainte du ventre, rappelle toi. On ne veut pas interdire mais te montrer qu'il existe des choses bien meilleures : viens on va plutôt faire un gâteau ensemble!
Offrir un truc dégueu tout en mettant biiiien le doigt sur le fait que nous, vilains parents tyrans, on est contre, et on la prive, voilà qui fait toujours plaisir.

"Ouh t'es pas belle quand tu pleures! Arrête ton caprice! Qu'est-ce qu'ils vont penser les gens!"
Rattrapage : "C'est dur et tu as besoin de pleurer. Si tu peux, mets des mots dessus, je voudrais t'aider. On s'en fiche de ce que les autres pensent, ils ne savent pas ton chagrin, toi oui. Et tu es belle même les yeux mouillés, ce n'est pas le sujet."
Comment apprendre à un enfant à craindre le regard des autres et à se soucier de son apparence au moment où l'émotion devient ingérable...

"Olalaa j'ai peur! Tu vas tomber! Descends tout de suite de cet arbre!"
Rattrapage : "Untel s'inquiète. C'est sa peur, pas la tienne. Tu lui montres que tu sais redescendre toute seule? Ca le rassurerait."
Quand on crie "Attentiooon tu vas tomber!" à quelqu'un qui par exemple marche en équilibre sur un muret, ça le déstabilise, là paf systématiquement il tombe. Suite logique : "Je te l'avais bien dit." Super!





En fait, parent, la seule règle est : fais de ton mieux, avec le coeur, et sois en confiance avec ton enfant.

vendredi 16 décembre 2016

La délicate question de faire croire ou non au Père Noël...



Après avoir été une adolescente particulièrement blasée par les fêtes de Noël, je me surprends aujourd'hui à en apprécier à nouveau l'ambiance. Les lumières, l'odeur de bonne cuisine qui mijote, les yeux brillants des enfants, leur attente fébrile, les proches rassemblés, les bricolages, les échanges de petites attentions, ... J'imagine que ce regain d'intérêt provient du fait que je suis devenue maman : je me suis alors souvenue combien cette période était précieuse lorsque j'étais une petite fille. Tout revêtait une dimension tellement magique!

J'ai beaucoup pleuré en apprenant que le Père Noël n'existait pas. Je m'en souviens encore, c'est une fillette un peu plus âgée que moi, à l'école maternelle, qui s'est moquée un jour : "Haha l'autre elle croit encore au papa Noël!" J'ai ensuite pleuré dans les bras de ma mère, espérant être rassurée, mais celle-ci m'a alors avoué le subterfuge. Apparemment c'était pour me faire vivre un "noël magique". Cela partait évidemment d'une belle attention. Il n'empêche que suite à cela, longtemps après, je pensais encore que les adultes n'étaient finalement pas tout à fait dignes de confiance.

Luciole aura bientôt trois ans. L'an passé, elle a ouvert ses cadeaux en hurlant de joie, peu importe d'où ils venaient, tout était merveilleux. Mais cette année, ça se corse un peu : on doit choisir que lui dire à propos de ce brave Père Noël... 

Et ce n'est pas sans pression. Il apparaît partout! Dans les livres, sur les vitrines, dans les conversations. Les gens lui demandent gentiment : "Alooors, tu as demandé quoi à Papa Noël?" et jouent au jeu du "Tu as été bien sage hein au moins?", ses petits copains lui parlent de leur liste de jouets, du traîneau et de la cheminée, et certaines mamans que je fréquente s'offusquent carrément : "Quoi comment? Tu ne lui as pas parlé du Père Noël? Mais elle a droit à la magie quand même cette petite!" Ben... justement. Pour moi la magie de cette période, ce n'est pas forcément lié à ce bonhomme en rouge qui aura décidé si tu as oui ou non mérité tes cadeaux.

Ce que je veux faire vivre à ma fille, c'est la joie d'être ensemble, d'offrir à ceux qu'on aime, de recevoir par eux, de choisir des cadeaux utiles et qui durent, pas du made in China dont on se lassera dès le surlendemain. C'est une ambiance cosy et douce, les après midi à faire de la luge, l'odeur de gâteau qui cuit dans le four. C'est la décoration d'un joli arbre de notre jardin, les petits bricolages et autres ateliers qui rendent l'attente si excitante. Noël peut exister sans Père Noël. Il suffit d'ouvrir son coeur et de créer une ambiance, et dans les yeux brillants des petits, la voilà la vraie magie. En prime je m'évertue à apprendre à ma fille à ne pas mentir (elle commence doucement à glisser des petits craques pas méchants du type "Papa m'a dit que je pouvais!" ou "Oui oui, maman sait que je suis ici.") alors où est la vraisemblance si pendant plusieurs années je lui monte un bobard sous prétexte que ça rend Noël plus beau?

Hier, elle m'a enfin posé la fatidique question. "A Noël, le père Noël vient avec les cadeaux?" Même si je m'y attendais, j'étais quand même un peu prise au dépourvu. Mais je lui ai finalement répondu que c'était une belle histoire, une sorte de légende, que personne ne savait si c'était vrai mais qu'on avait parfaitement le droit d'y croire. Comme ça, elle a le bénéfice du doute, si vraiment ça pose souci. J'ai embrayé vite fait sur Saint Nicolas, puis je lui ai ajouté qu'à Noël elle serait gâtée et entourée, que je lui avais prévu plein de cadeaux chouettes, ses grands parents aussi, et qu'on poserait ses chaussons sous le petit autel de branchages. Elle a fait un grand sourire et puis on a changé de sujet. Bon maintenant le plus dur, ce sera qu'elle ne fasse pas de grosse gaffe auprès des autres petits.

Attention je ne blâme personne! Chacun est libre de faire croire ou non au Père Noël à ses enfants et de vivre cette période comme il l'entend. C'est juste mon point de vue, rien de plus. Jolies fêtes à tous =) A six mois de grossesse je suis évidemment privée de vin chaud (snif) mais il reste le jus de pommes aux épices!