vendredi 2 octobre 2020

La fin de l'instruction en famille?



     L’instruction en famille concerne environ 50.000 enfants dans ce pays. Parmi eux, beaucoup sont des rescapés de harcèlement scolaire, ou ont des troubles/une précocité qui ne les permettent pas de s’intégrer, ou encore sont tout simplement totalement inadaptés au système classique… Pour ceux-là, l’IEF est une façon de (re)prendre goût à l'apprentissage et de réellement s’épanouir.

    L'IEF a été dans notre cas d'une évidence limpide. Nous avions le temps et le souhait d'offrir à nos enfants un apprentissage à leur rythme, basé sur la curiosité naturelle, le jeu, l'exploration et le plaisir (Voir mon article Mais tu n'es pas à l'école aujourd'hui?) A la rentrée 2020, notre fille a formulé la demande de tester l'école, elle est désormais scolarisée dans une petite structure Montessori où elle s'est très bien adaptée. Je me sens fière de son parcours et des bases que nous lui avons offertes. Et heureuse de commencer l'IEF auprès de notre petit dernier de 3 ans et demi.

    Aujourd’hui, il est question de nous retirer la liberté d’instruire à domicile à compter de la rentrée 2021, pour protéger certains du sectarisme et de la radicalisation. Les dommages collatéraux s’annoncent lourds. Je dispose de peu d’éléments pour l’heure, il me semble que cette loi doit passer au sénat et impliquerait une modification de la constitution. Ce n’est pas anodin, il y a encore de l’espoir, et nous sommes nombreux et nombreuses… N’éparpillons pas notre énergie, nous sommes en mesure de faire front. L’association UNIE sera porteuse d’un mouvement conséquent, n’hésitez pas à vous en rapprocher si vous êtes concernés (je sais que nombre de mes contacts sont dans ce cas) A terme il restera la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme. Rien n’est encore joué !

    Oui évidemment je suis inquiète des restrictions de liberté grandissantes, et du tournant que prend le monde dans lequel nos enfants grandissent. Mais passée l’angoisse, la rage et l’espoir peuvent s’avérer constructifs...!

P.S : Haha ou le cas échéant il restera à changer de pays…

P.P.S : Précision : je ne crache sur aucun prof, la plupart s’efforcent de bien faire leur travail avec le peu de soutien et de marge de manœuvre dont ils disposent dans ce système à la dérive.

samedi 6 juin 2020

A la rencontre de la colère



Une de mes plus importantes prises de conscience en tant que maman est d'avoir réalisé que lorsque je ressentais de la colère et pensais qu’elle se dirigeait tout droit contre mes enfants… en vérité, je me trompais.

Je parle de la colère écumeuse, mugissante, destructrice, vous savez, celle qui soulève en soi les remous noirs et poisseux de ce que l’on refuse de voir. 

Je parle de ces fois où mes enfants ne veulent rien écouter ni l’un ni l’autre, où leurs cris font vibrer tout mon squelette, où je me sens parfois minable dans mon incapacité à les apaiser.

Je parle aussi et surtout de cette pression terrible qui pousse à incarner la mère parfaite, celle qui ne lève jamais la voix, sourit en toute circonstance et règle les tensions d’un coup de baguette magique entre deux recettes de moelleux au chocolat.

Moi j’étais là si longtemps, avec cette colère à laquelle je ne laissais aucun droit. Et mes enfants, à leur juste place, jouaient inconsciemment mais non moins parfaitement leur rôle de catalyseurs... Les petits enfants ont tous en eux un radar qu’on ne peut tromper : si en nous, quelque chose n’est pas clair, pas aligné, ils le ressentent aussitôt. Les miens réveillent mes blessures d'enfant, mettent inlassablement le doigt sur ce qui fait encore mal, sur ce qui n'est pas réparé, pointent les failles dans ma charpente intérieure. Ils sont tous les deux des miroirs de ce que je suis. Et tous deux ont un rapport à la colère radicalement volcanique. Comment pouvait-il en être autrement?

Mon aînée est une dragonne, une guerrière. Dans la spirale dynamiques -pour les adeptes- elle se situe droit dans le rouge, et elle attendait en face la même réponse en terme d'énergie, d'élan, de posture. Plus je parlais, apaisais, conciliais, pire cela devenait, car elle appelait la guerrière en moi : celle qui guide, recadre, rassure avec des limites, annonce les siennes propres.

Je ne voulais pas de cette colère, jusqu’à découvrir combien elle est utile ! Elle parle pour nous-même, milite pour l’affirmation de soi, pour notre légitimité. Ce n’est pas une mauvaise émotion. Il n’existe, de fait, pas de mauvaise émotion! La colère est là pour nous redonner les rênes. Pour nous aider à trouver notre place. Je ne dis pas que hurler à longueur de temps sur ses enfants est légitime. Je dis qu'il s'agit d'accepter pleinement les émotions, sans les juger, d'accueillir la colère de nos petits et la nôtre propre, de mettre des mots sur ce que l'on ressent.

Le jour où je me suis dit « J’ai le droit de ressentir cette colère, et c’est légitime » j’ai découvert que j’étais bien davantage qu’une façade bienveillante, et j’ai enfin accepté qu’elle se craquelle, de ne plus être « la douce et la gentille Julie ». Et ce jour là, mon fils de trois ans m'a dit : "Maman, quand tu es en colère, y a aussi de l'amour dans toi. Moi aussi ça me fait ça." J'ai pleuré de soulagement comme rarement dans ma vie.

Ensemble on utilise un outil qui est rapidement devenu indispensable dans le quotidien : la fleur des émotions. J'ai tracé sur la porte du lieu où l'on vit une grosse marguerite dont chaque pétale représente une émotion, dessinée de façon claire et concise. Dans 8 cas sur 10, le seul fait de demander à mon enfant quelle émotion il ressent, en montrant sur la fleur, puis de décrire où l'émotion se situe dans le corps, libère quasi instantanément la tension. Je la prendrai en photo pour partager avec vous, si vous êtes curieux.

Remercions nos enfants pour ce qu'ils nous apprennent sur nous-mêmes. Et remercions-nous de savoir recevoir ces leçons. Face à la colère, l'adulte que l’on est devenu a les ressources nécessaires pour la traverser et pour comprendre son message. Laissons le vernis craquer pour laisser place à plus d'authenticité. Si la colère sort, l'essentiel est d'apprendre à la diriger, pour qu'elle ne vienne pas mettre en danger qui que ce soit, puis d'en reparler lorsque l'orage est passé, afin de comprendre les tenants et les aboutissants et de reprendre sa route où on l'a laissée.


vendredi 7 février 2020

Vie de maman, avant/après!

J'ai pas mal d'articles en suspend, qu'il me tarde de partager avec vous!

En attendant, un peu d'humour ne faisant jamais de mal, 
je me suis amusée à mettre en images un avant/après sur ma vie de jeune mère. 
Ou en quoi mon quotidien a changé depuis l'arrivée de mes deux petites crapules!



Mes départs en voyage, avant :



Mes départs en voyage... maintenant :




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Mes samedis soirs avant :


(Oui, bon, hein ! ^^)


Mes samedis soirs... maintenant :


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Mes lectures avant :



Mes lectures... maintenant :


( Ah oui et aussi"Au coeur des émotions de l'enfant" ainsi que "Elever son enfant autrement", 
et "La communication bienveillante", et puis "Masser son bébé", 
et aussi "Comment ne pas passer son enfant par la fenêtre après dix-huit nuits blanches consécutives", etc etc...
Bon, ok, pas que, mais j'aime bien exagérer un peu ;)


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Mes lessives avant :



Mes lessives... maintenant :



(Il y a un autre panier plein en attente juste à côté)

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Mes matins avant :



(Précision importante : mon thé est chaud)


Mes matins... maintenant :



(Précision importante: mon thé est froid et sur-infusé, posé quelque part à l'arrache)

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Mon lit avant :



Mon lit... maintenant :



(Et encore, z'avez pas vu le reste de la maison ^^)

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Quand je m'offrais des cadeaux, avant :



Quand je m'offre des cadeaux... maintenant :



(Ce porte-bébé Mei Taï est d'ailleurs trop chouette!)

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Du coup, j'ai aussi envie de vous montrer que tout ça en vaut la peine.












L'Amour inconditionnel. Le vrai. 
Celui qui ne tutoie ni limites, ni raison. 
Celui qui me ferait déplacer des montagnes entières s'il le fallait, juste pour eux deux.
Il vaut bien quelques thés froids et un peu de cernes sous les yeux, pas vrai?

=)

jeudi 6 février 2020

« Mais tu n’es pas à l’école aujourd’hui ? Elle va dire quoi la maîtresse ? »





La rentrée a eu lieu lundi dernier. Pour nous, le réveil n’a pas sonné : ce fut une rentrée à la maison, comme l’année passée.


Ce qui nous séduit dans l’instruction en famille ? Des valeurs très simples. Avant tout la liberté ! Etre à l’écoute du rythme de nos enfants. Gérer nous-mêmes tranquillement notre emploi du temps. Suivre un apprentissage totalement informel, basé sur la spontanéité et la curiosité naturelle, et ainsi découvrir qu’il est possible d’apprendre avec plaisir, de tout simplement en avoir envie.

Chose non négligeable, le papa et moi détenons le luxe d’avoir… eh bien, le temps, tout simplement. On a l’un et l’autre fait le choix d’une vie simple sans profession chronophage. Du coup ce temps libre dont nous disposons, nous pouvons l’employer pour l’apprentissage de nos lutins. Tout le monde n'a pas cette chance, nous en avons bien conscience!

Chaque petit moment du quotidien peut alors devenir une occasion d’apprendre. Chez nous, rien de formel. Tout dépend des envies. Parfois, je suggère. "Tiens et si on faisait de la lecture aujourd'hui?" Des fois c'est un oui enthousiaste, des fois c'est "ah non là j'ai plutôt envie de jouer aux dinosaures, ou d'aller faire des boutures de thym avec papa" Pas de notes. Pas d'horaires. Juste la vie.




La luciole a quatre ans et demi. Elle ne tient pas toujours bien son stylo, c'est une tornade qui ne sait pas rester assise très longtemps, parfois elle ne dit pas bonjour, elle ne connaît pas de comptines populaires, déborde en coloriant et ne découpe pas droit avec ses ciseaux. En revanche, elle sait reconnaître une quinzaine d'espèces de plantes comestibles différentes, nommer plein de dinosaures dont j'ignorais totalement l'existence (c'est son dada du moment), expliquer comment fonctionne un volcan,  différencier une planète d'une étoile d'un coup d'oeil, chanter par coeur Les ogres de Barback, couper proprement avec un couteau aiguisé. Et écrire/déchiffrer en majuscules, compter jusqu'à quinze, faire de petites additions. C'est la magie de l'apprentissage libre. Le petit lutin a un an et demi. Il grandit en totale motricité libre, c'est la première étape de l'aventure.

Je me suis toujours promis que si l'un ou l'autre de nos deux lutins réclament un jour l'école, je ne ferai pas barrage. Pour le moment, ce n'est pas l'ambiance. Il y a peu, nous sommes justement passées près d'une école avec luciole, pendant une récréation. "Oh? Mais pourquoi ils sont en cage, les enfants?" A t-elle demandé. - Pour délimiter l'espace, il y a une barrière, ai-je répondu. Ça évite aux gens extérieurs à l'école de rentrer, et aux enfants de sortir en dehors des horaires autorisés. - Ah. J'aime vraiment bien être de l'autre côté de la barrière, moi, maman. Et nous avons poursuivi notre route jusqu'à la médiathèque. Où la bibliothécaire lui a posé la question qui tient lieu de titre à cet article. (Sa réponse fut simplement : J'ai pas de maîtresse alors elle ne dira rien du tout.)

On nous répète souvent : mais il faut bien qu’ils s’adaptent! ... Nous vivons dans une société qui est à mon sens profondément malade. Comment pourrais-je un seul instant souhaiter à mes enfants de s’y adapter ? C’est précisément en cultivant leur liberté, leur autonomie, en les sortant du moule, en leur offrant une vision nouvelle, en ne les soumettant pas, que nous pouvons espérer un jour guérir ce qui peut encore l’être.

( Et puis, je fais partie des gens qui ressentent le monde actuel comme aux prémices d’un virage grand V, d’un tournant majeur, alors au final c’est peut-être plutôt la société qui finira tant bien que mal par s’adapter à eux!)



Ce qui m'effrayait un peu, dans cette aventure non sco, c'était avant tout le manque de sociabilisation. Heureusement, on  a vite noué des liens forts avec des parents d'autres enfants non scolarisés, sur un rayon de quelques kilomètres autour de chez nous. Depuis on se voit toutes les semaines pour faire des activités tous ensemble. Et on parle de fonder notre propre école libre d'ici l'an prochain!

Des fois, j'ai un peu peur. D'être débordée. De me perdre dans ce rôle de maman-éducatrice. De ne plus du tout trouver de temps pour moi. De me faire fustiger par l'inspection académique lors des contrôles à venir.

Et puis je me rappelle pourquoi on a fait ce choix. J'en vois les bienfaits au quotidien. On en discute avec les amis qui sont dans la même dynamique, et ça me rappelle que je ne suis pas seule. Et que le plus beau cadeau que je peux faire à mes lutins, c'est de respecter leur liberté.

Merci de m'avoir lue jusqu'au bout.