lundi 24 décembre 2018

Retour d'un voyage à la roots, en famille, aux Canaries...!



Cette aventure tenait un peu du challenge : deux enfants en bas âge, des gros sacs à dos, de quoi camper de façon rudimentaire, une contrée inconnue et aucun plan pré établi. A notre image somme toute, à la roots (...bon d'aucuns diraient plutôt à l'arrache ;) )

L'heure est au bilan!

Voyager avec des petits enfants, ça met évidemment en jeu bien plus de paramètres que lorsque l'on part tout seul ou en couple. Davantage de matériel à transporter, un semblant de rythme à respecter, limitation des prises de risques, etc...

Réserver des hôtels et anticiper un circuit avec le guide du routard ne nous ressemblant pas, on a opté pour une aventure à l'aveuglette, en compilant bien sûr quelques infos, et en comptant à la fois sur notre bonne étoile, notre habitude de la vie au grand air, et sur les rencontres qui jalonneraient notre route. L'instinct a toujours été le meilleur des alliés.

Le voyage a duré un peu plus d'un mois et demi, entre Tenerife, la Gomera et Lanzarote.





Avant quand on me disait "Canaries", par méconnaissance j'imaginais d'interminables plages paradisiaques sur fond d’hôtels de luxe, et ce n'était pas le type de destination qui m'attirait. Au final, s'il y a un peu de cela selon les coins, c'est avant tout un archipel extrêmement varié en terme de paysages et de (micro)climats!

A Tenerife, nous ne nous sommes pas beaucoup attardés, mais avons apprécié quelques très belles randonnées et fait de chouettes rencontres. Lanzarote, aux paysages spectaculaires et lunaires, m'a conquise en tant que photographe, mais ne se prêtait en revanche guère trop à l'errance d'une famille de backpakers désireux de se perdre into the wild.

Notre coup de coeur, et là où nous avons passé le plus de temps, c'est la Gomera.
De cette île, je me remémore avec nostalgie le vert intense des forêts luxuriantes et humides, des figuiers de barbarie, des aloés et des agaves qui envahissent les champs en terrasses, des maisons colorées blotties dans les ravins, des falaises abruptes battues par les embruns, des plages de sable noir obsidienne, de la saveur incomparable du miel de palme, des mangues, des bananes et des avocats mûrs à point, de la brume imprévisible et comme animée par une volonté propre, des ruelles pavées et chaleureuses de San Sebastian. Des nuits sous des cieux comme je n'en avais encore jamais admirés. De la soirée passée en joyeuse compagnie, dans la chaleur du tipi, à flanc de falaise. Des baignades nus dans une mer chaude et houleuse. Du ressac sonore des vagues sur les galets. De la plage de Trigo, havre de paix pour tout bon Robinson Crusoé. De l'accueil si chaleureux de Loreena, de la complicité avec les pirates jongleurs, de nos enfants qui jouaient avec d'autres fraîchement rencontrés en oubliant la barrière de la langue.




Tout cela, c'était du pur enchantement.

Mais je ne suis pas là pour faire croire que tout était toujours parfait dans un merveilleux monde idéal, ou ce ne serait pas dépeindre avec justesse la réalité d'un voyage =) 
Il y a aussi eu des galères, forcément.

Aux Canaries, dans le souci de préserver la nature, le camping sauvage n'est pas autorisé. Seulement, il n'y a quasiment aucun camping nulle part (un seul pour toute l'île de la Gomera par exemple!) A Tenerife, il y a bien des aires gratuites où le camping est autorisé, mais qu'il faut réserver une dizaine de jours à l'avance (difficile pour nous, qui n'avions pas de quoi charger notre téléphone, et ne savions pas où nos pas nous conduiraient d'un jour à l'autre) Notre budget n'autorisait pas de nuits d’hôtel ni de location coûteuse, alors nous avons tout de même opté pour le bivouac, hormis sur quelques plages particulièrement sauvages et isolées où on s'attardait davantage. En évitant soigneusement les zones protégées, on montait la tente au coucher du soleil, et on la démontait aux premières lueurs du jour, sans laisser aucune trace. Mais c'était toute une logistique, de packer en vitesse tous les sacs à peine levés, avec les enfants à gérer en parallèle. On n'a au final croisé la guardia civile que deux fois (quand on n'avait pas encore remballé nos affaires haha) mais ça s'est plutôt bien passé et on s'en est sortis sans amende.

Heureusement, on a pu obtenir de bons conseils pour trouver quelques plages perdues où camper : il en existe avec des grottes habitées, d'autres aménagées pour les Rainbows Gathering, bref plusieurs très bonnes surprises! J'ai aimé goûter à cet isolement. Le seul point délicat dans ces lieux là, c'était la gestion du stock d'eau potable : avec deux petits, il était hors de question de plaisanter là dessus. Ça représentait plusieurs kilomètres à pied chargés avec deux bidons qui, sitôt ramenés, étaient vite engloutis.

On a aussi eu l'occasion de se faire héberger chez plusieurs locaux adorables, et s'offrir quelques nuits dans des pensions spartiates mais agréables.

On cuisinait au feu de bois, ça ne changeait pas trop nos habitudes, mais on avait tout de même un petit réchaud de dépannage au cas où.




On a beaucoup marché. Les Canaries sont des îles volcaniques, avec le dénivelé qui va avec : c'était sport! Mon sac à dos faisait douze kilos, mon fils dans le porte-bébé quant à lui en pesait seize: je portais donc la moitié de mon propre poids. Autant dire que j'ai gagné en biscotos ;) Et en courbatures le soir... Ce qui pesait lourd, c'était la tente, le nécessaire pour cuisiner, et surtout, l'eau. Encore une fois quand on porte pour quatre, ça change la donne!

En terme de kilomètres parcourus, c'était très variable. Au maximum, on en a fait 13 par jour, avec deux petits lutins et au vu du dénivelé, c'est pas mal =)

Pour un premier voyage avec enfants hors frontières connues, les Canaries sont une destination adaptée : ce n'est pas dangereux en terme de risques sanitaires, c'est dépaysant sans être trop lointain, les paysages sont étourdissants.

Ah pour la petite histoire, on a quand même essuyé une tempête tropicale peu après notre arrivée! Sur les côtes de Tenerife, les vagues montaient jusqu'aux balcons! Mais nous étions à l'abri à Valley Gran Rey, qui était plutôt épargné (malgré les vagues très impressionnantes)





Globalement, voyager avec des petits enfants est un passeport pour les belles rencontres, les mains se tendent plus facilement, les gens se méfient moins. 


Un aspect un peu étrange du voyage malgré tout, quand on atterrissait dans des lieux civilisés et touristiques, on se sentait vraiment comme des extra terrestres : avec nos dégaines, nos sacs à dos débordants de tous les côtés, nos habits usés par le voyage, les enfants hirsutes qui courraient pieds nus, parfois le regard des touristes proprets était comment dire... un peu dur à encaisser. Au quotidien, du fond de notre forêt, on avait perdu l'habitude d'être regardés de travers. En fait, ça attirait un extrême et l'autre dans les réactions : soit de la désapprobation silencieuse mais manifeste, soit au contraire, de grands sourires, des pouces levés, des petits cadeaux (du turron, des fruits...) ou des remarques du type : "C'est fantastique ce que vous offrez à vos enfants!"

Fantastique, pour sûr! Il me tarde d'y retourner...
En attendant, je vous laisse avec quelques souvenirs en images... 


La playa de Inglès, aux lueurs de l'aube.


Dans une délicieuse piscine d'eau de mer près de Hermigua.

Papa sherpa!
Traditionnel tressage du palmier...
Parc national du Garajonay
Lunaire Lanzarote...

Déambulation dans les rues de San Sebastian.



Rarement contemplé ciel aussi pur...

"Réjouis toi car tout lieu est ici et tout moment est maintenant!"


2 commentaires:

  1. Je suis très touché par ce témoignage !
    Je suis moi-même allé sur l’île de la Gomera qui est, je le confirme, un lieu extraordinaire. C’est une des rares forêts au monde que l’on peut encore qualifier de « primaire ».
    Je dormais aussi sur les plages, je n’ai pas vu de ciel magnifique car on était en pleine lune, mais c’était quand même vraiment extraordinaire.
    Le faire avec des enfants, là, chapeau bas !
    Magnifique.

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  2. Témoignage très émouvant. Je suis moi-même allé récemment sur l’île de la Gomera, c’est une des rares forêts au monde il reste encore « primaire ».
    J’y ai aussi dormi à la belle étoile, sur les plages, mais c’était en période de pleine lune et je n’ai pas vu de magnifiques ciel étoilés tel que décrit.
    Faire ce que vous avez fait avec des enfants en bas âge, chapeau bas !

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